Plusieurs centaines de travailleurs ont manifesté devant Orly 4, mardi matin, face aux menaces qui pèsent sur leurs emplois, plombés par la pandémie de Covid-19.
Aéroport d’Orly, le 18 mai 2021. Près de 250 salariés de la plate-forme aéroportuaire ont manifesté devant Orly 4 pour exprimer leur inquiétude sur l’avenir de leurs emplois face à la pandémie de Covid-19.
Valise à la main, cette voyageuse écarquille de grands yeux en sortant du hall 4 de l’aéroport d’Orly, mardi matin. Face à elle, près de 250 manifestants — selon la police aux frontières (PAF) — brandissent drapeaux, fumigènes et gilets rouges aux couleurs de divers syndicats.
Tous font partie des 28 000 emplois directs de la plate-forme aéroportuaire durement touchée par l’épidémie de Covid-19 qui a plombé le trafic aérien. Après plus d’un an de crise, la cocotte-minute est prête à exploser, reflétant l’inquiétude des troupes à l’aune de plans sociaux qui se dessinent.
« Un premier avertissement avant de bloquer l’aéroport »
« Cette mobilisation et cette grève de 24 heures sont un premier avertissement pour nos dirigeants. Sinon, on bloquera l’aéroport quand l’activité redémarrera, prévient Isabelle Bigand Viviani, syndicaliste à Orly chez ADP. Dans notre groupe, 1 150 salariés doivent partir via une rupture conventionnelle collective (NDLR : dont 700 ne seront pas remplacés). Puis, dès juin, on devra accepter une baisse de notre rémunération. Si on s’y oppose, on sera licencié dans les six mois. Ils proposeront aussi des postes pour redéployer les effectifs mais on comprend bien qu’ils cherchent à tout prix à dégraisser le mammouth. Faut arrêter ! Notre entreprise a les reins solides ! »
« Un salarié qui prépare les plateaux-repas des avions me confiait que le chômage partiel s’arrête le 3 juin pour eux. Le risque ensuite est de voir des centaines d’emplois supprimés, explique Christian Favier (PCF), président du département. Il faudrait que le Plan de Relance du gouvernement prévoie des aides spécifiques pour l’aéroport, ce qui n’est pas le cas actuellement à part l’allègement fiscal pour les entreprises. »
« Nous sommes très inquiets pour l’avenir », confie un logisticien d’Air France Industries. « On a des métiers spécialisés. Pas simple de se reconvertir si on est viré », ajoute un collègue. Chez AHP Alyzia, un sous-traitant de l’aéroport, le personnel se dit « sous pression constante » et subir la triple peine : « On a peur du Covid, peur de perdre notre emploi et en plus on subit du harcèlement moral »
Les emplois précaires que les syndicats dénonçaient ont pourtant disparu du paysage : plus d’intérimaires, plus d’alternants, plus de CDD… « Mais la charge de travail retombe sur nous inévitablement, explique un salarié en CDI. Ce qui nous pend au nez, par exemple ? Ne pas pouvoir poser de vacances cet été… »
(source le parisien)