Le cri d’alarme des acteurs aéroportuaires : 30.000 à 40.000 emplois menacés

15 avril 2021 | Actus

Alors que le trafic aérien a chuté de 70% en 2020 en France, l’Association des métiers de l’aéroportuaire estime que 30.000 à 40.000 emplois sont actuellement en danger. Cette nouvelle structure doit échanger ce jeudi 15 avril avec le cabinet de Bruno Le Maire pour demander la création d’une APLD adaptée aux métiers des plateformes aéroportuaires ainsi qu’un vaste plan de formation et des passerelles vers d’autres secteurs plus dynamiques en attendant la reprise du trafic.

« Nous savons d’ores et déjà que 7.500 emplois ont été détruits sur les plateformes de Paris-Orly et Paris-CDG sur l’année 2020. Les CDD et intérimaires habituellement appelés en renfort n’ont pas été sollicités. Sur les 300.000 emplois liés aux métiers de l’aéroportuaire, 30.000 à 40.000 sont en danger », indique à La Tribune Patricia Larzillière présidente de l’Association des métiers de l’aéroportuaire (et par ailleurs directrice générale adjointe du groupe de restauration aérienne Servair).

Fondée en février dernier, l’AMA veut porter la voix de l’ensemble des acteurs aéroportuaires : exploitants d’aéroport, assistance en escale, sûreté et sécurité, accueil, restauration, fret… L’association doit échanger ce jeudi 15 avril avec le cabinet du ministre de l’Économie Bruno Le Maire pour demander des mesures de soutien complémentaires pour le secteur.

« La crise de la Covid-19 a provoqué une chute de près de 70% du trafic passagers en 2020 sur nos aéroports français. Le chiffre d’affaires lié à nos activités aéroportuaires a baissé en moyenne de 50% avec des métiers qui ont été plus impactés que d’autres, notamment lors des fermetures des terminaux et des boutiques, commerces et espace de restauration. Les perspectives de reprise les plus optimistes n’envisagent pas une sortie de crise sectorielle avant au moins quatre ans », rappelle Patricia Larzillière.

Adapter l’activité partielle aux métiers aéroportuaires

Depuis le début de la crise, la filière aéroportuaire a pu bénéficier d’aides de l’Etat via les fonds de solidarité et l’activité partielle exceptionnelle sans reste à charge, ce qui a permis de maintenir une partie des effectifs en activité partielle en roulement sur les terminaux ouverts. Pour autant, les acteurs aéroportuaires plaident pour davantage de visibilité et un dispositif plus pérenne alors que la prise en charge à 100% de l’activité partielle dans le secteur s’arrête au 30 avril (avant une prolongation jusqu’au 30 juin).

« Nous n’avons pas été identifiés comme des métiers à protéger. Nous sommes classés comme auxiliaires du transport aérien, ce qui nous a amené à négocier, en ordre dispersé, sans cesse la prolongation de l’activité partielle exceptionnelle, ce qui n’était pas le cas des secteurs protégés. Parfois même nous commencions le mois sans savoir de quels dispositifs nous allions dépendre. Cette situation ne peut pas durer car les perspectives de reprise sont stabilisées et ne nous permettent pas d’envisager sereinement les prochaines années », estime la présidente de l’AMA.

L’association demande une visibilité au moins jusqu’à la fin de l’année sur l’activité partielle mais également la création d’un comité de travail sur l’APLD (activité partielle de longue durée) adaptée aux métiers aéroportuaires et leur activité très fluctuante à l’image du trafic en dents de scie des plateformes ces derniers mois. 

L’autre pan de recommandations de l’AMA porte sur le maintien des compétences.

« 41% des salariés qui occupent ces emplois sont peu ou pas diplômés et la moitié vit autour des plateformes aéroportuaires. Nous ne pouvons pas nous permettre d’aggraver le taux de chômage des territoires déjà fragiles avec un public qui aura de grandes difficultés à retrouver un emploi, fait valoir Patricia Larzillière. Il faut mettre en place, comme c’est le cas avec le dispositif de transition collective, des dispositifs à grande échelle permettant de créer des passerelles avec des métiers en recrutement et nos métiers en surcapacité. Notre but est de conserver la création de valeur sur le territoire. »

Pour y parvenir, l’AMA préconise de former les salariés aux règles sanitaires ainsi qu’à l’utilisation de nouveaux outils digitaux qui ont fait leur apparition à la suite des mesures de distanciation. Elle penche aussi pour la mise en place de parcours de reconversion sur le territoire vers des secteurs très dynamiques comme la santé, le BTP et la logistique. Et pourquoi une reconversion vers des métiers d’avenir liés par exemple au développement des drones. Autant de pistes pour stopper l’hémorragie de suppressions de postes dans les aéroports français.

(source la tribune)

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